Employé dans une fourrière, il raconte la douloureuse et poignante véritéJazz M. Onster est responsable d'une fourrière pour animaux. Son travail ? Il le déteste.
Faire face chaque jour à l'abandon, la maladie, l'euthanasie... Comment aimer un tel travail ? Comment ne pas avoir envie, un jour, comme Jazz M. Onster, de s'insurger, de raconter ce qu'il doit affronter au quotidien ?
Sur le site de Numerama, il a alors publié une lettre ouverte.
Un récit poignant, un appel à la prise de conscience quant au sort réservé à tant de chiens, de chats, abandonnés aussi vite qu'ils ont été adoptés parce qu'ils ont grandi, parce qu'ils ne se sont pas avérés être des peluches, parce qu'un animal, il faut s'en occuper ! Parce qu'avoir un animal de compagnie, c'est une vraie responsabilité, et pas un jeu...
"La vérité est douloureuse et la réalité est ce qu’elle est"
Cette lettre raconte la vérité. Elle est donc très dure. Certains passages sont insupportables. Nous conseillons donc aux plus sensibles de ne pas la lire.
"Aujourd’hui je veux partager avec vous, une lettre qui fait prendre conscience de la gravité des choses.
Chacun à le droit d’avoir son chien, mais chaque chien à le droit d’avoir son maître, un seul maître.
Les achats coup de coeur sont a bannir. L’acquisition d’un chien doit être mûrement réfléchi, et envisagé sous toutes les coutures.
Car très peu de chiens sont des modèles, avec une obéissance irréprochable, ça demande du temps et de la patience !!
Je crois que notre société a besoin qu’on attire son attention là-dessus.
En tant que responsable d’une fourrière, je vais partager quelque chose avec vous... un regard de l’intérieur, si vous me le permettez.
Tout d’abord,
tous les vendeurs/éleveurs d’animaux devraient travailler au moins UN JOUR dans une fourrière. Peut-être qu’en voyant ces regards tristes, perdus... les yeux troublés, vous changeriez d’avis sur l’élevage et la vente à des personnes que vous ne connaissez même pas.
Ce chiot que vous venez de vendre finira probablement dans ma fourrière quand il ne sera plus une jolie boule de poils.
Alors... comment vous sentiriez-vous si vous saviez qu’il y a 90% de chances que ce chien ne sorte jamais de la fourrière s’il y arrive seulement ?
Qu’il soit de race ou non.
50% des chiens qui entrent dans mon centre, abandonnés ou venant de la rue, sont de race pure... Les excuses les plus fréquentes que j’entend sont :
-“Nous déménageons et nous ne pouvons pas emmener notre chat/chien”.
Vraiment ? Où déménagez vous pour ne pas pouvoir prendre d’animal et pourquoi avoir choisi cet endroit et pas un autre où vous pourriez le garder ?
-“Le chien est devenu plus grand qu’on pensait”.
Et quelle taille croyiez-vous qu’un Berger allemand avait ?!-“Je n’ai pas de temps pour m’en occuper” –
C’est vrai ? Je travaille 10 ou 12 heures par jour et j’arrive quand même à trouver du temps pour mes 6 chiens. -“Il nous abîme toute la cour” –
Pourquoi ne le prenez vous pas à l’intérieur avec vous ? On me dit toujours “Pas la peine d’insister pour lui trouver un foyer, nous savons qu’il sera adopté, c’est un bon chien”
Ce qui est triste c’est que votre animal ne sera PAS adopté... . et savez-vous combien une fourrière est stressante ? Laissez-moi vous raconter :
L’animal a 72 heures pour trouver une nouvelle famille à partir du moment où vous le laissez. Parfois un peu plus si la fourrière n’est pas pleine et arrive à se débrouiller pour le garder en parfaite santé.
S’il prend froid, il meurt. Il sera confiné dans une petite cage, entouré des aboiements et des pleurs de 25 autres.
Il devra se débrouiller seul pour manger et dormir. Il sera déprimé et pleurera constamment sur la famille qui l’a abandonné.
S’il a de la chance, et si j’ai assez de bénévoles, il pourra être sorti de temps en temps.
Sinon, il ne recevra aucune attention, sauf une assiette de nourriture glissée sous la porte de la cage et quelques giclées d’eau.
Si le chien est grand, noir ou d’une race « bull » (pitbull, mastin..., vous l’avez conduit à la mort du moment qu’il a passé la porte.
Ces chiens ne sont généralement pas adoptés.
Peu importe qu’il soit « doux » ou « dressé »...
Si le chien n’est pas adopté dans les 72 heures suivant son entrée et que le refuge est plein, il sera sacrifié.
Si le refuge n’est pas plein et que le chien est suffisamment gentil et d’une race attractive, il est possible que son exécution soit repoussée, mais pas pour longtemps.
La plupart des chiens sont mis en cages de protection et sont sacrifiés s’ils montrent la moindre agressivité.
Même le chien le plus calme est capable de changer dans un tel environnement.
Si votre chien est contaminé par la toux du chenil (trachéo-bronchite infectieuse canine) ou toute autre infection respiratoire, il sera sacrifié immédiatement, simplement parce que les fourrières n’ont pas les moyens de payer des traitements à 150 euros.
Et voici quelque chose sur l’euthanasie pour ceux qui n’ont jamais été témoins de comment un animal parfaitement sain sera sacrifié :
En premier lieu, il sera sorti de sa cage en laisse. Les chiens pensent toujours qu’ils vont se promener, ils sortent heureux, remuant la queue...
jusqu’à ce qu’ils arrivent à la « chambre », là ils freinent tous des 4 pattes.
Ils doivent sentir ou capter la mort ou sentir les âmes tristes qui ont été laissées là.
C’est bizarre mais ça arrive avec tous sans exception.
Le chien ou chat sera tenu par 1 ou 2 techniciens vétérinaires, en fonction de sa taille et de sa nervosité.
Ensuite, un spécialiste de l’euthanasie ou un vétérinaire entamera le processus de trouver une veine dans sa patte avant
et il
lui injectera la dose de “substance rose”. Espérons que l’animal ne prenne pas peur en se sentant immobilisé.
J’en ai vu se griffer eux-mêmes et finir couverts de leur propre sang, rendus sourds par les aboiements et les cris.
Tous ne “dorment” pas immédiatement. Parfois ils sont pris de spasmes pendant un instant et se souillent.
Une fois terminé, le cadavre de votre animal sera empilé comme un bout de bois, dans un grand congélateur, avec tous les autres animaux en attendant qu’on vienne les chercher comme des déchets.
Qu’arrive-t-il ensuite ? Il sera incinéré ? Ils le conduisent à la décharge ? Ils le transforment en nourriture pour animaux?
Vous ne le saurez jamais et vous ne vous poserez probablement jamais la question.Ce n’était qu’un animal et vous pouvez toujours en acheter un autre, non ? J’espère que si vous avez lu jusqu’ici, vous avez eu les yeux troublés et que vous ne pouvez pas vous sortir de la tête les images qui occupent mon esprit tous les jours quand je rentre chez moi après le travail.
Je déteste mon travail, je déteste qu’il existe et je déteste savoir qu’il existera toujours à moins que vous changiez et vous rendiez compte des vies que vous gâchez, bien plus nombreuses que juste celle que vous laissez à la fourrière.
Entre 9 et 11 millions d’animaux meurent quotidiennement dans les fourrières et vous êtes les seuls à pouvoir arrêter cela.
Je fais tout mon possible pour sauver les vies que je peux mais les refuges (fourrières) sont toujours pleins et chaque jour il y a plus d’animaux qui entrent que ceux qui sortent.
Je veux juste insister sur ce point :
NE FAITES PAS D’ELEVAGE OU N’ACHETEZ PAS D’ANIMAUX TANT QU’IL Y EN A QUI MEURENT DANS LES FOURRIERES.Détestez-moi si vous voulez. La vérité est douloureuse et la réalité est ce qu’elle est. J’espère juste qu’avec ce texte au moins une personne aura changé d’avis sur l’élevage et l’abandon de son animal dans une fourrière ou sur l’achat d’un chien.
Espérons qu’un jour quelqu’un vienne à mon travail et me dise « j’ai lu cela et je veux adopter ».
Ça vaudrait la peine.
Si vous voulez que la situation change, renvoyez ce texte à tous vos contacts.
Jazz M. Onster.
Ceux qui sont responsables des abandons sont les abandonneurs, de la maltraitance sont les maltraitants.
Ceux qui sont responsables de naissances anarchiques sont ceux qui veulent faire faire des petits à leur chienne sans savoir ce qu’ils font et ce que les chiots deviendront, ou qui n’ont pas envie de faire stériliser leur chienne. En principe les éleveurs sérieux se régulent tout seuls.
Les responsables sont aussi les acheteurs, les modes, les vendeurs.
Et là, tout le monde est responsable, articles de presse, télé, merchandising, et même émissions sur les animaux...".
Source :
http://wamiz.com/chiens/actu/employe-dans-une-fourriere-il-raconte-la-douloureuse-et-poignante-verite-2890.html?utm_source=Wamiz&utm_campaign=c3da284dea-UA-7463610-3&utm_medium=email