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 éducation du chien sourd

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Christie, administrateur
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MessageSujet: éducation du chien sourd   éducation du chien sourd EmptyJeu 17 Déc - 19:27

L’éducation du chien sourd

Nous y voilà, à ce chapitre tant attendu ! Pour y parvenir, il nous a semblé primordial de parler de communication, de conditionnement et de renforcement, car qui parlerait de voiture sans parler de conduite, de carrosserie ou de moteur.
L’éducation du chien sourd doit se faire, peut-être plus encore que chez les chiens possédant toutes leurs facultés physiques, en douceur. Du fait de leur surdité, ces chiens sont toujours sur leur garde et beaucoup d’entre eux sont très nerveux, à l’affût du moindre mouvement, du moindre bruissement d’air, de la moindre odeur. Quand Tess, une petite Dalmatienne sourde que nous avons accueillie à l’âge de 21 mois, est arrivée à la maison, elle n’a pas dormi pendant deux jours. Tout au plus a-t-elle somnolé en position assise, constamment sur ses gardes pour surtout ne pas se laisser surprendre par quoi que ce soit. Il faut donc agir avec beaucoup de calme et inspirer la confiance et la sérénité. Nous allons travailler essentiellement le conditionnement avec des renforçateurs positifs. Le shaping nous paraît aussi être une méthode très appréciable en raison de la douceur de son utilisation. Mais tout ceci ne doit pas nous faire oublier qu’un chien sourd est un chien comme les autres et qu’il ne faut en aucun cas s’apitoyer sur son handicap, au risque un jour, de s’apercevoir que c’est lui le patron. Même sourd , un chien est programmé pour tenter de prendre la place de chef de meute, ainsi, lorsque nous nous apercevons un jour que notre compagnon lève la patte pour se soulager sur un poteau et que ce poteau se trouve être le pied de la salle à manger, la punition s’impose sans état d’âme !
Combien de gens prétendent que les chiens sourds ( ou ayant un autre handicap d’ailleurs) sont agressifs ? Dans bien des cas cette agressivité n’est que le résultat d’erreurs successives commises par le maître laissant grandes ouvertes les portes de la prise de pouvoir de son chien, « immunisé » par sa surdité.
Autre chose que l’on lit souvent dans les articles sur les chiens sourds, concernant la brutalité de la réaction de l’animal lorsqu’on le surprend dans son sommeil ou lorsque l’on arrive sur lui alors qu’il ne nous a pas remarqués, certains éducateurs canins conseillent de provoquer de manière systématique le sursaut du chien et de lui tendre immédiatement de la nourriture. Nous considérons qu’il serait plus sage d’attendre que le chien se soit calmé pour lui dispenser une caresse afin d’éviter l’association sursaut + agression = nourriture. Par ailleurs, la réaction, aussi vive soit-elle, n’étant pas liée à un trouble du comportement, mais à la surdité, nous nous demandons pourquoi en rajouter au stress déjà présent chez l’animal et provoquer la réaction systématiquement, nous ne risquons au final que d’amplifier la situation. Faire vivre l’animal dans un climat de confiance dans lequel il apprendra très vite à diminuer son stress, sachant qu’il n’a rien à craindre, nous paraît beaucoup plus judicieux et plus respectueux. Ne pas déranger le chien quand il dort, ne pas arriver derrière lui et l’effrayer sont autant de marques de respect que nous devons à notre compagnon. Respecter ses différences, ses besoins sont des valeurs que nous devons aussi inculquer à nos enfants.
La confiance :
C’est à la fois le but recherché et le moteur qui permet l’éducation de son chien, et qui nous mènera à une relation de complicité. Or la confiance d’un chien ne se gagne qu’en montrant à celui-ci qu’on est le « leader » en faisant preuve de constance et de cohérence dans chaque situation tout en gardant son calme et son assurance. C’est savoir faire preuve d’autorité, abstraction faite de la notion de violence ou de tyrannie. Une belle définition de l’autorité nous est donnée dans le cours, section psychologie canine,module1,page1 :
« L’autorité est un charisme pour discerner le bien, le susciter, le soutenir, le confirmer...
Ce n’est pas imposer avec violence, c’est savoir discerner, décider, agir et solutionner pour le bien de soi, de tous...
L’obéissance des autres, qui découle de cette autorité n’est que la résultante et non le but. »
L’attachement :
L’attachement à son chef de meute est une chose naturelle chez le canidé, car le leader est l’élément primordial de la meute, c’est lui qui la dirige, gère les conflits, communique son calme et maintient la cohésion du groupe.
Créer l’attachement entre le chien sourd et son maître est une chose essentielle à mettre en place dès le début, afin que le chien soit toujours à la recherche de la proximité de son maître, ceci dans le but de parer à un danger éventuel lors d’une promenade par exemple, de manière générale, le fait de communiquer les ordres à l’aide de signes sera facilité par le chien attentif aux faits et gestes de son maître. On utilisera donc au début un programme de renforcement continu dans lequel on récompensera le chien à chaque fois qu’il vient vers son maître, marche à ses côtés, le regarde, etc...Plus tard, il conviendra d’utiliser un renforcement partiel, à intervalles fixes ou aléatoires afin de prévenir le risque de satiété. Attention tout de même à ne pas créer de phénomène d’hyper attachement qui est un trouble du comportement se caractérisant souvent lors de l’absence du maître par des destructions, dans les cas extrêmes, par de l’auto- mutilation. D’une manière générale, il ne faut ritualiser ni les départs ni les retours à la maison et faire en sorte que le chien apprenne « que le monde n’est pas prêt de s’écrouler » même en l’absence de son maître.

La communication homme-chien et le langage des signes :
Les bases du langage animal
L'étude des comportements chez les animaux nous aura permis de constater le fonctionnement de plusieurs espèces. L'étude du langage utilisé par certaines de ces espèces nous aura amenés à connaître l'étendue de leur système de communication, du plus simple au plus complexe, et telle espèce de se comprendre entre individus. Ces nécessités, de prime abord, ont toujours été relatives à l'instinct de survie. Exprimer son besoin de se reproduire ou de manger, ou encore de se protéger contre les prédateurs, par exemple, est à la base de tout système de communication établi par un animal ayant à vivre en communauté. Chez les chiens, la mutation de l'espèce ne s'est pas faite, comme chez l'humain, de quadrupède à bipède et n'a pas prévu non plus l'abaissement du larynx permettant l'expression vocale, comme chez les primates. Du dinictis6, qui semble l'ancêtre commun des canidés d'où sont issus, entre autres, la famille des canis (canis lupus ; loup, canis familiaris ; chien), le langage est resté au stade corporel.
Ce sont les attitudes physiques, les mimiques faciales, la position des oreilles ou de la queue qui déterminent la nature des interrelations. Quelques sons (aboiements, jappements, hurlements, etc.) se sont ajoutés au «dictionnaire canin» afin d'augmenter la clarté des messages et ainsi tenter d'éviter tout quiproquo. Il semble toutefois qu'ils ne peuvent pas avoir recours à quelque forme syntaxique que ce soit. En effet, ce n'est pas parce que nous disons à notre chiot en le grondant : «Pipi, dehors ! », que celui-ci fait la relation entre ces deux éléments, même s'il est capable d'associer une image distincte à chacun de ces sons.
En contrepartie, si, sur le territoire déterminé par une meute, pendant que le chiot urine dans un endroit où ce comportement est interdit, la mère le prend et l'amène là où il faut, le petit sera alors bien vite en mesure d'établir une relation. Pour Fouts, cet exemple illustre bien la différence essentielle entre un système vocal et un système gestuel : les mots expriment des objets, les gestes expriment des relations. Ainsi, «le geste est grammaire». Dans l'enseignement qu'offre la mère à son chiot, le fait d'uriner au mauvais endroit est l'agent, le fait d'amener le chiot est l'action et l'arrivée au bon endroit afin d'y uriner est l'objet. Les grammairiens appellent cette configuration classique S.V.C. (sujet-verbe-complément).
La grammaire permettant l'établissement de relations est, toujours selon Fouts, inscrite dans le plan génétique. C'est cette grammaire universelle, ou faculté syntaxique, qui nous permet de nous adresser à d'autres êtres humains ne parlant pas la même langue que nous ou encore de nous parler sous l'eau ou de chaque côté d'une vitrine. Il semble que pour les chiens, les mots utilisés seuls peuvent servir tant qu'ils sont associés à une chose (balle) ou une position (couché) mais leur organisation en phrases n'a pas cours dans l'éducation canine.
On ne pourrait demander à un chien, à l'aide de «phraséologie verbalisée» de se comporter de telle ou telle façon à moins de lui avoir préalablement enseigné une séquence qu'on aura pris soin de décortiquer en éléments uniques, chacun associés à un seul mot (s'asseoir, rester, aller chercher la balle, la rapporter, la déposer, puis s'asseoir de nouveau et enfin, attendre). Nous pouvons, par contre, lui enseigner ces séquences tout comme sa mère le ferait pour la propreté, par exemple, sans utiliser un seul mot : «Non, pas dans la maison ! Dehors, et précisément à cet endroit du jardin, tu peux te soulager sans peur de réprimandes; au contraire, j'en serai bien content.» Cette phrase pourrait s'acquérir en un rien de temps. Quelles économies de salive, de verbiage et d'émotions pénibles ferions-nous ! Le plus extraordinaire dans ce constat, c'est que le chiot est en mesure de comprendre aisément de quoi il s'agit, sans que nous ayons à le punir.
Évidemment, le contenu du message est nouveau : «Ah ! Tiens donc, on ne peut plus faire nos besoins ici. » Et là, c'est sa capacité d'adaptation qui verra à gérer l'avènement d'un nouveau comportement en concordance avec le nouveau message. Mais son contenant, sa forme «grammaticale»est sue et connue depuis belle lurette et lui permet de comprendre rapidement ce qui se passe et de s'y conformer facilement.
Enseigner la propreté à un chiot n'a jamais été si facile qu'avec sa mère. Il n'est pas puni parce qu'il se soulage au mauvais endroit, il est simplement guidé à faire les choses autrement. Il ne développe ainsi ni peur, ni confusion relativement à l'élimination. Jamais donc, il ne pensera : «Je n'ai plus le droit d'éliminer» (il tenterait alors de le faire en cachette) ou «Ce que ma maîtresse veut c'est que je fasse disparaître mes excréments» (il se mettrait alors à les manger). Pas de punitions : quel soulagement ! Si on se met en rogne parce que la moquette que nous avons payée si cher se retrouve souillée, c'est bien notre faute : Nous n'avions qu'à l'enlever ou à empêcher le chiot d'y avoir accès.
Même si nous partageons les origines du langage, nous n'avons pas développé celui-ci de la même façon. Mais nous sommes toutes des espèces «abouties ». Nous nous équivalons, chacune dans nos différences. Nous nous débrouillons bien l'une comme l'autre, dans nos mondes, nos contextes, et face à chacun de nos problèmes.
Jean Lessard, « Le chien, mon cousin » http://www.reseauproteus.net/…/T…/Guide/ArticleInteret.aspx…
Dans son article paru sur le site www.communicanis.com, Danièle Mirat se pose la question suivante :
« De quelle manière communiquer avec le chien, sur un mode qui lui soit accessible ?
Réponse : le sien. Le chien, comme tous les autres animaux, n’a pas accès au langage verbal. Ses moyens d’expression sont ceux du non verbal (les gestes, les postures, les mimiques, les attitudes) et du para verbal (les intonations, le rythme, les pauses) L’homme et le chien utilisant donc l’un et l’autre le non verbal et le para verbal pour communiquer entre eux, sont prêts à le faire aussi pour communiquer ensemble. Quand les êtres humains cherchent à communiquer entre eux, ils utilisent les 3 modes associés ( le verbal, le non verbal et le para verbal) pour avoir plus de chance d’être compris ou de convaincre. Or, s’il n’y a pas congruence dans les différents modes employés par le locuteur, c'est-à-dire si par exemple les intonations de la voix et les gestes sont ceux de l’irritation et de la colère, alors que la personne nous dit qu’elle est parfaitement calme, nous n’allons sûrement apporter que peu de crédit à son affirmation. Le chien fera de même que l’homme, d’autant que n’ayant pas accès à la signification des propos, il ne fait que privilégier le système de langage non verbal (dans notre exemple : les gestes d’irritation) et le système para verbal (les intonations de la colère). Et de manière encore plus précise, si dans le comportement de l’homme, le non verbal (les gestes d’irritation, par exemple) venait contredire le para verbal (des intonations rassurantes), au final, dans cette discordance, le chien se fierait et répondrait toujours au non verbal, c'est-à-dire à nos gestes d’irritation. Nous pourrons toujours renforcer notre exercice avec des mots tels que « viens ici mon gentil pépère », nous aurons peu de chance de le voir venir vers nous. Parce que c’est le système non verbal (les attitudes, les postures) renforcé du para verbal (les intonations, le rythme) avec lequel les chiens communiquent entre eux, qu’ils continuent de se servir de ce système quand ils communiquent avec l’homme. Privilégions-nous aussi le non verbal renforcé du para verbal pour nous faire bien comprendre d’eux, c'est-à-dire mettons en accord nos gestes et nos intonations dans nos demandes, de manière à être lisibles et clairs donc fiables.
L'échec de la compréhension venant signer l'échec de la communication.
Maintenant que nous savons comment mieux nous faire comprendre de nos chiens, il nous reste pour établir une communication vraie, à mieux comprendre « leur langage ». Les chiens utilisent une gestuelle (en d'immenses combinaisons posturales), des productions sonores et chimiques, pour se saluer, établir ou préciser leurs rapports hiérarchiques de dominance ou soumission ; communiquer leurs états intérieurs comme la colère, l'agressivité, la peur, l'anxiété, l’excitation, l'impatience, la joie, l’intérêt, la surprise, la décontraction, ainsi que leurs besoins et envies comme la sollicitation au jeu ou la quête d’attention. S’il nous est dans une large mesure, possible de comprendre les chiens et même communiquer avec eux, notre maîtrise de leur langage reste limitée à nos sens les plus performants. L’ouïe nous permet de percevoir leurs messages sonores, la vue de lire leurs expressions faciales et posturales, le toucher de sentir leur contact. En revanche notre odorat défectueux (extrêmement limité comparé au leur) transforme en énigme leurs signaux olfactifs. »
Chez le chien sourd :
Par définition, le chien sourd sera inapte à recevoir, donc à décoder un message auditif. Il ne pourra de ce fait répondre au moindre appel de ses congénères ou de son maître et le conditionnement par notre langage verbal ne sera pas envisageable. Il en est de même en ce qui concerne l’intonation, le rythme et les pauses qui constituent le langage para verbal. Il reste donc le langage non verbal (les gestes, les attitudes, les mimiques, les postures) renforcés des signaux olfactifs (phéromones) et qui, nous le rappelons, sont contrôlés par notre système nerveux autonome sous l’influence de nos émotions. Nous devons sans cesse nous rappeler que notre chien ne nous entend pas et qu’il n’entend aucun bruit, cela particulièrement lors des promenades et sorties en ville.
Chez l’homme le langage verbal est primordial pour pouvoir s’exprimer. Le langage verbal nous permet de nous situer dans le temps, qui est concerné, quelle est la nature de l’action, le lieu, il nous permet d’attribuer des adjectifs, etc... Quoi de plus banal que d’entendre et parler? Hélas, de nombreuses personnes sont privées de cette merveilleuse faculté de pouvoir communiquer par les sons. La langue des signes est le moyen de communication qu'utilisent les sourds pour dialoguer. Elle est constituée de positions des doigts, de la main, de mouvements, et d'expression du visage. Elle comporte également une syntaxe (le lieu, les personnes, l'action). Contrairement à ce que beaucoup de personnes croient, le langage des signes ne fonctionne pas comme la parole. Il n'y a pas un sujet puis un verbe puis un complément. En effet, le langage des signes s'apparente plus à la visualisation de séries d'images qu' à autre chose. La langue des signes est gestuelle donc visuelle. Une langue étant toujours associée à une culture, chaque pays a développé sa propre langue des signes.
Les constituants d’un signe de la LSF (langue des signes française) comportent cinq paramètres :
- Configuration (forme de la main)
- Emplacement de la main
- Orientation de la main
- Mouvement
- Expression du visage
Le temps : Il n’y a pas de conjugaison des verbes. Le signeur donne un verbe à l’infinitif et le positionnement de ses mains indique s’il s’agit du passé (main placée au niveau des épaules, vers l’arrière) du futur (gestes avec bras vers l’avant).
La localisation : Le locuteur effectue une sorte de mise en scène : les personnages, les choses, de mime les événements du discours, tous représentés dans l’espace du signeur. On place d’abord le décor, puis les accessoires et les personnages, et enfin l’action.
L’ordre des signes : L’ordre des signes dans l’énoncé (dans le temps) est moins important que leur arrangement dans l’espace.
La dactylologie : C’est un alphabet manuel qui est utilisé pour épeler des noms propres dont on ne connaît pas le signe ou des nouveaux termes. Bien évidemment, la dactylologie n’a aucun sens pour l’animal !
Pour communiquer avec son chien, on utilisera bien entendu des signes beaucoup plus simples, sans utiliser de phrases ou de longs discours qui n’auront d’ailleurs pour lui aucun sens. Conditionner son compagnon sourd au langage des signes est aussi simple que pour le langage verbal, ainsi, le mot « assis », qui sera un geste vers le sol par exemple, sera renforcé par une caresse lorsque le chien s’exécute. Tous les types de conditionnement sont possibles en renforçant la bonne réponse conséquente à l’ordre donné. Dans notre exemple, faire du shaping consiste, lorsque le chien s’assoit, a présenter le geste convenu et à renforcer simultanément le comportement. Bien entendu, la condition sine qua non est que le chien regarde le signeur, ceci étant à notre avis la principale difficulté (et non des moindres) du conditionnement d’un chien sourd.
La question revenant fréquemment chez les maîtres de chiens sourds, est de savoir s’il faut utiliser le langage des signes utilisé dans tel ou tel pays et s’il existe un dictionnaire spécifique. Notre réponse est non, à condition que toutes les personnes susceptibles de communiquer avec le chien utilisent les mêmes signes, bien entendu, si la mémorisation des signes est rendue compliquée à cause du nombre utilisé (ce qui est du bon travail, bravo !), l’utilisation d’un dictionnaire nous paraît utile afin que tout le monde puisse s’y retrouver. Attention toutefois à ne pas utiliser de phraséologie ni de signes susceptibles de créer des confusions. Utiliser des signes simples et logiques est souhaitable.
Il n’existe à notre connaissance pas de dictionnaire spécifique concernant les chiens mais il est important que le codage employé soit respecté de la même manière par tous les intervenants. Notons également que la vivacité ou la lenteur des gestes on leur importance. Même si un chien est capable de faire la différence entre la main gauche et la main droite, l’utilisation du geste donné par un gaucher ou un droitier sera interprétée de la même manière à condition que ce geste ait la même signification. En cas de doute, nous conseillons de faire exécuter le geste par la personne droitière, ensuite par la personne gauchère pour éventuellement corriger le problème s’il y a une réponse différente.
Est-il nécessaire de rappeler que tous les signes et gestes ne trouvent leur efficacité totale que lorsqu’ils sont cohérents avec l’ensemble des signaux émis, tels que les mimiques, attitudes (le para-verbal) et les micro-signaux. La congruence prend ici sa vraie valeur, c’est pourquoi nous recommandons aux maîtres de parler à leur chien mêmes s’ils sont conscients que celui-ci ne les entend pas, les humains « verbaux » ont besoin pour s’exprimer pleinement, d’utiliser des mots, ceux qui ont déjà mimé une scène savent à quel point il est difficile de faire passer un message sans dire un seul mot ! Par ailleurs le fait d’associer un signe ou un geste à un ordre donné verbalement à un chien « entendant » ne peut que renforcer le message émis, donc apporter un bénéfice à la communication. Parler « chien » nécessite l’expression totale de son corps.
Nous savons que la condition essentielle, pour que le message émis par le maître soit bien perçu par le chien sourd, il faut que celui-ci soit en train de regarder en direction du signeur, mais il faut aussi qu’il soit à une distance adéquate pour pouvoir percevoir le signe, or nous avons appris dans le chapitre concernant les canaux de communication, que la vue n’était pas le point fort du chien et que celui-ci avait de la difficulté à distinguer les formes et les objets immobiles ou peu animés lorsque ceux-ci sont éloignés du sujet. Il faut donc non seulement que le chien regarde en direction du signeur, mais il faut en plus qu’il soit à une distance ou le signe peut encore être perçu, l’ampleur des signes joue aussi un rôle important dans la perception de ceux-ci. La distance séparant le chien de son maître peut constituer un obstacle lors du renforcement d’un comportement car, d’après la loi de la continuité temporelle, entre la survenance d’un comportement et la réaction à celui-ci, il ne doit pas s’écouler plus d’une demi-seconde. La réaction doit être immédiate et clairement mise en relation avec le comportement. Entre êtres humains capables de faire une projection dans le temps nous pouvons expliquer le lien entre le comportement et ses conséquences même lorsqu’ils sont séparés dans le temps. Nous pouvons par exemple dire à un ami que l’invitons au restaurant parce qu’il nous a rendu un service, les parents peuvent interdire à leur enfant d’aller au cinéma parce qu’il n’a pas eu de bons résultats scolaires. En revanche, il est impossible de faire comprendre la relation de cause à effet à de très jeunes enfants ou à des animaux. Or la réaction, le renforcement, ne peuvent être immédiats que lorsque le chien se trouve à côté de son maître, les signes et geste vont permettre de renforcer à distance le comportement émis, ce résultat est obtenu par conditionnement. Si le chien manifeste un comportement indésirable, on le punit en le secouant par la peau du cou. Le fait d’associer, de pairer le stimulus aversif (renforçateur primaire) avec le geste « non » (renforçateur neutre) nous permettra de remplacer le premier, c’est à dire le renforçateur primaire, par le second, le renforçateur neutre qui deviendra à ce moment là un renforçateur conditionné. Le geste « non » aura acquis la propriété de faire cesser le comportement indésirable.
Lorsque nous voulons augmenter la fréquence d’un comportement, nous associerons quelque chose d’agréable (des caresses, une situation plaisante...) à un signe, mais nous pensons qu’un signe ne vaut pas la caresse qui agit directement sur les émotions, alors que le signe n’est que la « représentation » de ces émotions.
Comment attirer l’attention du chien sourd ?
Attirer l’attention d’un chien sourd qui ne se trouve pas à portée de main peut relever de la gageure lorsque celui a l’esprit occupé par les nombreuses odeurs relevées tous les cinq mètres (et nous sommes modestes !) sur un parcours de trois kilomètres, qui de surcroît présente un virage à angle droit tous les cent mètres. Nous n’osons même pas imaginer le calvaire du maître s’égosillant à rappeler son chien et faisant des gestes vains pour essayer de faire décoller du sol la truffe de son toutou, ne serait-ce que pour un malheureux petit regard en sa direction. L’objet de motivation sera dans ce cas un accessoire fort utile. Un objet de motivation peut être une balle, un jouet ou tout simplement un bout de bois lancé juste devant le chien pour focaliser son attention et le détourner ainsi du stimulus parasite ( attention quand même à viser juste, cela nécessite de l’entraînement). La tâche est facilitée avec un chien joueur et entraîné au rapport d’objets, elle nécessite par contre un apprentissage chez les autres sujets en provoquant la convoitise d’un objet et en procédant par étapes dans le but de faire rapporter l’objet par le chien.
Un autre moyen consiste à mettre au chien un collier vibreur (à ne surtout pas confondre avec un collier électrique !) que l’on peut se procurer dans les commerces spécialisés ou que l’on fabrique soi-même (nous avons trouvé sur internet un site qui explique comment faire). On apprend au chien à rejoindre son maître dès qu’une vibration se fait sentir. Attention tout de même à ne pas en faire un usage intempestif et ne pas oublier...les piles !
Un dernier « truc » consiste à utiliser une lampe de poche avec laquelle on attire l’attention du chien en dirigeant le faisceau lumineux devant lui pour le faire revenir. Ce procédé n’est toutefois pas pleinement efficace lorsqu’il est utilisé en plein jour, à moins d’être en forêt ou à l’ombre. Le faisceau lumineux doit être assez puissant mais il faut veiller à ne pas éblouir le chien, sa vue étant un bien précieux. C’est pourquoi nous déconseillons l’emploi de pointeurs à laser, leurs faisceaux pouvant causer des lésions oculaires irréversibles.

Le chien « pilote » :
Avoir déjà un chien « entendant », socialisé et bien éduqué peut constituer un avantage non négligeable lorsqu’on adopte un chien sourd, en effet qui parle mieux le « langage chien » qu ‘un autre chien ?
En mettant un chien sourd en présence d’un chien qui entend, on s’aperçoit très vite qu’il surveille ses faits et gestes, prêt à réagir au moindre signe d’alerte, lorsque ce dernier, couché, soulève la tête, se lève et se dirige vers la porte lorsqu’il entend du bruit à l’extérieur. Le chien sourd apprend très vite que l’autre est souvent le premier à réagir au moindre évènement. Pour peu qu’il se passe quelque chose d’agréable à la suite de cet événement, le chien sourd a vite fait d’apprendre que l’imitation de son congénère lui amène un bénéfice.
Exemple : les chiens sont dans la cour, le maître rentre chez lui et gare sa voiture ce qui fait réagir le chien qui entend. Il se lève et s’approche du portail, entre temps le chien sourd s’est lui aussi approché et s’aperçoit que le maître distribue une tape amicale à son camarade, il s’approche de lui et reçoit à son tour une caresse.
Tarkan est un jeune Terre-neuve au tempérament placide, nonchalant, à la limite de la paresse. Il faisait déjà partie de la « meute » à l’arrivée de Tess. Lorsque les gens vont et viennent et que Tarkan est allongé celui-ci soulève tout au plus les sourcils, ce détail n’échappe pas à Tess qui, de l’endroit où elle se trouve ne voit pas les gens mais voit Tarkan, et est aussitôt présente, ce qui fait souvent croire aux gens qu’elle n’est pas sourde. Bien sûr son odorat développé la renseigne sur beaucoup de choses, mais en observant attentivement les deux chiens, l’on se rend compte que ce sont d’infimes détails de la posture de Tarkan qui déclenchent le comportement de Tess. L’imitation est si parfaite que lorsque Tarkan est calme, Tess l’est aussi, mais s’il gagne en nervosité ( oh, c’est tellement rare !) Tess en copie le comportement.
Ce mimétisme nous sera d’un atout particulier pour conditionner notre chien sourd. En effet, L’utilisation du chien « entendant » va nous permettre d’installer des comportements nouveaux par la copie d’un modèle en utilisant la technique de l’imitation ou modeling. Le modeling est un processus d’apprentissage de type social et est efficace dans la mesure ou le modèle reçoit un renforcement pour le comportement imité par l’autre sujet. Chez le sujet qui imite, le renforcement est indirect, il partage en quelque sorte le type de renforcement servi au modèle .On utilise cette technique entre autres pour le dressage de chiens truffiers en faisant travailler ensemble un adulte confirmé et un jeune chien, qui va trouver tout cela bien intéressant et chercher à obtenir les mêmes félicitations et récompenses que son aîné. ( http://dalmatienenfrance.free.fr/truffe.htm).
L’autre avantage de l’utilisation du « chien pilote » est qu’il constitue un moyen très efficace pour attire l’attention de son maître d’une part.
Il est arrivé par exemple à Tess de rester « plantée » devant un terrier en essayant de détrousser l’animal qui s’y était réfugié. Nous avons donc « envoyé » Tarkan à sa rencontre, Tess a relevé la tête, et nous avons pu rappeler les deux chiens. Evidemment nous avons mis toute notre force de conviction en œuvre pour que Tarkan ne se mette pas lui aussi au déterrage de la bestiole !
D’autre part, lorsqu’on perd le contact visuel du ou des chiens, il est plus facile de faire revenir les deux en rappelant celui qui entend, l’autre suivra presque automatiquement (s’il n’y a pas de terrier,évidemment !) Notre (petite) expérience nous montre que la méthode fonctionne plutôt bien car nous l’avons testé sur Ginger (sourde) et Everly.
Pour la mise en pratique de l’utilisation d’un chien pilote, certaines conditions sont nécessaires :
1. Le chien imité devrait avoir appris certains comportements de base, notamment le rappel, il va de soi que la hiérarchie entre le maître et l’animal doit être clairement établie et que le binôme fonctionne bien car, autant le chien « imitateur » peut adopter les bons comportements du modèle, autant il peut en adopter les mauvais. Il faut aussi éviter le piège que représente le renforcement des mauvais comportements de » l’élève » ce qui impliquerait un retournement de situation et l’imitateur serait imité. En bref, tout le monde est logé à la même enseigne, les bons comportements seront renforcés positivement, les mauvais seront renforcés négativement ou punis.
2. Les chiens doivent pouvoir cohabiter sereinement, leur hiérarchie doit être établie clairement entre eux et par eux, sans intervention de la part du maître. Nous privilégierons le cas de figure où le modèle serait le dominant et l’imitateur le dominé, mais on ne peut pas prévoir à l’avance, et s’immiscer dans l’établissement d’une hiérarchie peut conduire à des résultats catastrophiques. Malgré tout, le chien sourd peut apprendre très vite que son congénère dispose d’un petit « plus » lui permettant d’accéder plus vite à certaines informations ; le suivre, l’imiter, peut lui apporter certains bénéfices.
Le chien sourd peut apprendre à tirer profit en imitant le chien qui entend, à un tel point qu’il peut bénéficier de celui-ci d’une certaine « immunité diplomatique » tel le chiot qui peut s’autoriser quelques bêtises sans s’attirer les foudres des adultes. Cela ne veut pas dire qu’il sera pour autant « décodé » en tant que chiot, mais dans son comportement, le chien sourd pourra dévoiler quelques signes révélateurs de son handicap. Ainsi, Joye, malinoise alpha arrive l’allure fière, son manchon dans la gueule avec l’habitude de déposer celui-ci devant-elle afin de provoquer la convoitise de l’objet par ses congénères. Celui ou celle qui tente de prendre l’objet en question se voit alors soudainement éconduit par les grognements de Joye, voir d’une explication plus sérieuse en cas de persistance. A l’arrivée de Tess, ce rituel n’a bien évidemment pas fait défaut, mais lorsque celle-ci a persisté à vouloir prendre le jouet malgré les grognements, Joye a marqué un temps d’arrêt, puis il s’en est suivi d’un tiraillement sur l’objet de part et d’autre, lutte remportée par Joye évidemment (l'on ne plaisante pas tout de même !)
Il en va de même lors des jeux avec Tarkan qui se laisse faire avec complaisance tel un adulte avec un chiot, lorsqu’elle lui tire les poils en le mordillant, chose qu’il accepte moins volontiers de la part d’autres chiens.
La marche en laisse :
Certaines personnes se demanderont sans doute pourquoi consacrer une partie de ce mémoire à la marche en laisse, quelle différence y a t-il entre la marche en laisse avec un chien sourd et un chien qui entend ? Nous ne parlons pas ici de l’action de tenir son chien en laisse mais plutôt du choix du matériel. Beaucoup de maîtres ignorent encore malheureusement que l’apprentissage (car c’est un apprentissage) de la marche en laisse dépend en grande partie de l’utilisation d’un matériel approprié. Ce matériel est composé d’une laisse,bien évidemment, et d’un collier. C’est le choix de ce collier qui pose le plus souvent un problème d’efficacité car dans l’esprit des gens, le fait de tirer sur la laisse va ralentir le chien, or c’est le plus souvent l’inverse qui se produit. L’effet de traction sur la laisse représente quelque chose d’agréable pour le chien qui va tirer de plus belle, d’ailleurs nous savons bien que les chiens adorent les jeux de traction, avec un manchon, un chiffon, une corde... L’effet est dans ce cas identique. Les gens qui mettent à leur chien un harnais, par soucis d’esthétique ou par peur d’abîmer les poils de leur compagnon, ne se rendent compte que trop tard que celui-ci a la propriété de décupler la force du chien (moins quand-même chez le chihuahua que chez le terre-neuve !), la traction se faisant du poitrail. Nous choisirons donc un collier étrangleur, nom un peu barbare remplacé par « collier sanitaire » (à mettre dans la salle de bains !). Ce collier est composé de maillons métalliques, plus ou moins gros selon la taille du collier, terminés à chaque extrémité par anneau. Le principe étant de faire glisser les maillons dans l’un des anneaux afin de faire une boucle que l’on pourra faire coulisser et l’on enfile cette boucle au chien en veillant à ce que l’anneau libre, auquel on attachera la laisse, soit dirigé vers le maître. En d’autres termes si le chien marche à gauche du maître l’anneau sera du côté droit, et inversement. La position du collier doit permettre à celui-ci de se resserrer par une simple traction en provoquant un cliquetis. Le principe de l’utilisation du collier étrangleur n’est pas d’étrangler l’animal, mais de produire ce cliquetis désagréable pour le chien lorsqu’on tire sur la laisse, ce qui en fait un renforçateur aversif. Lorsque le chien marche au pas , la laisse est détendue, mais lorsque celui-ci accélère, un petit coup sec sur la laisse va provoquer le stimulus aversif (cliquetis) que le chien va apprendre à éviter en marchant au pas. Ceci concerne bien sûr le chien qui entend et n’a aucun effet sur le chien sourd. Il existe heureusement un collier spécial muni de quatre anneaux situés au niveau de la nuque et du poitrail. On attache deux petites sangles à chaque anneau du poitrail en les faisant passer par les anneaux de la nuque et sous les aisselles du chien, l’extrémité de chaque sangle est alors fixée à la laisse. L’opération a l’air compliquée à première vue, mais elle est en réalité très simple avec un peu d’exercice. Le principe de ce collier est d’appliquer, lorsque l’on tire sur la laisse, une contrainte au niveau des épaules du chien, ce qui gène l’animal dans sa progression. Cette contrainte constitue, comme dans l’utilisation du collier étrangleur, un stimulus aversif. Nous ne recommandons pourtant l’utilisation de ce type de collier, qu’aux maîtres de chiens adultes et sourds pour lesquels les autres méthodes se sont soldées par un échec et aux gens handicapés d’un membre supérieur, l’effort de traction étant diminué par l’emploi de ce genre de collier.
Une méthode, plus douce celle-ci, mais plus lente à mettre en œuvre, consiste à s’arrêter chaque fois que le chien se met à tirer sur la laisse et de continuer à marcher lorsque celui-ci se calme. Utiliser cette méthode chez un chien sourd permet à la fois d’introduire un renforçateur négatif (l’arrêt) et de récompenser, par la poursuite de la promenade, le bon comportement (retour au calme). Elle nécessite cependant beaucoup de patience car s’arrêter cent fois sur un parcours d’un kilomètre n’est pas chose facile et relève plus de la course de lenteur que de la promenade.
La marche en laisse est une chose que tout chien bien éduqué, sourd ou non, devrait avoir appris, et ce dès son plus jeune âge, en raison des multiples dangers qui jalonnent le parcours en milieu urbain mais aussi à la campagne et tout simplement parce que la législation impose la tenue en laisse en de multiples endroits. Cet apprentissage peut commencer dès l’arrivée du chiot chez ses maîtres, c’est d’ailleurs à cet âge là (et bien avant) que tout apprentissage se trouve facilité et est susceptible d’être mémorisé à long terme. Ceci concerne bien sûr toutes les parties étudiées dans ce chapitre. En outre, la visite régulière d’une école des chiots va permettre de renforcer cet apprentissage en acquérant les bases de socialisation et d’obéissance, nécessaires à l’intégration, avec ses congénères, dans la famille et dans l’environnement dans lequel il sera amené à vivre.

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