C'est en étant un peu exaspérée devant des méthodes toujours identiques comme le placage au sol en maintenant le chien immobilisé pour montrer "qui est le chef de meute"
que je me suis mis à la recherche d'autre chose ...
http://www.amazon.fr/Les-signaux-dapaisement-communication-canine/dp/2952809534A Propos de TURID RUGAASEducatrice canine de renommée internationale et fondatrice de l’école du chiot norvégienne Hagen
Hundeskole, Turid Rugaas est également un écrivain qui a consacré sa vie aux chiens, à leur comportement
et leur bien-être.
Pendant plus de dix ans, elle a étudié le langage corporel des chiens. Son travail sur les signes
d’apaisement du chien (calming signals) est reconnu dans le monde entier et Turid est devenue l’un des
experts incontournables du comportement canin.
Elle vit et travaille en Norvège, son pays, mais passe la plupart de son temps à l’étranger, pour participer à
des conférences, des séminaires et des ateliers.
Voici la traduction de deux articles écrits par Turid Rugaas et tirés de son site en anglais
http://www.turidrugaas.com- Les signes d’apaisement – L’art de la survie
- Le chiot et le jeune chien – Bien grandir
LES SIGNES D’APAISEMENT – L’ART DE LA SURVIE_________________________________
Pour les espèces qui vivent en groupe, il est primordial d’être capable de communiquer avec ses
semblables. C’est indispensable pour permettre à la fois de coopérer lors de la chasse, d’élever leur
progéniture et peut-être ce qu’il y a de plus essentiel : vivre en paix avec leurs congénères.
Les conflits sont en effet source de danger – ils sont la cause de blessures physiques et d’un affaiblissement
du groupe, ce qui n’est pas admissible – danger susceptible de mener le groupe à sa perte.
Les chiens évoluent dans un monde sensoriel : sensations visuelles, olfactives, auditives.
Ils perçoivent aisément les moindres détails – un signal furtif, un léger changement dans le comportement
de l’autre, l’expression de nos yeux.
Les animaux vivant en groupes sociaux sont aussi réceptifs aux signaux que peut l’être un cheval. Ils sont
capables de percevoir la contraction de nos pupilles et un chien peut être entraîné à répondre à un ordre
chuchoté. Il n’est nul besoin de hurler nos ordres, d’utiliser un ton grave et coléreux – ce que Karen Pryor*
appelle écraser des mouches avec une pelle.
Les chiens possèdent un répertoire d’environ une trentaine de signes d’apaisement, peut-être plus.
La plupart d’entre eux n’en utilisent que certains de façon courante, alors que d’autres ont un « vocabulaire »
étonnamment riche. Cela varie d’un chien à l’autre.
Le problème
Les chiens utilisent les signes d’apaisement comme système de communication avec les humains, tout
simplement parce que c’est le seul langage qu’ils connaissent et qu’ils pensent que tout le monde le
comprend.
En ne prêtant pas attention aux signes d’apaisement que votre chien vous adresse, parfois même en le
punissant pour les avoir utilisés, vous prenez le risque de perturber gravement votre chien.
En effet, certains chiens peuvent renoncer à l’utilisation de ces codes, y compris avec leurs congénères.
D’autres peuvent se sentir désemparés, voire frustrés au point de finir par développer des troubles du
comportement tels que l’agressivité, la nervosité ou le stress.
Les chiots et jeunes chiens privés de ces signes peuvent même se retrouver en état de choc.
Connaissances de base
Papa appelle Prince et on lui a appris, au cours d’éducation, qu’il doit parler d’une voix sévère et dominante
pour faire comprendre à Prince qui est le chef. Prince trouve que la voix de Papa est agressive et comme
c’est un chien, il montre instantanément des signes d’apaisement, dans le but de faire cesser l’agressivité de
papa.
Prince va se lécher le nez ou bâiller, ou tourner le dos. Ce qui aura pour effet de mettre Papa en colère pour
de bon, car il percevra les signes de Prince comme la manifestation d’un chien têtu et désobéissant, qui fait
« la tête de lard ».
Prince sera alors puni, or il a simplement utilisé des signes d’apaisement pour calmer Papa.
* Karen Pryor, auteur du livre « don’t shoot the dog » est l’un des fondateurs du Clicker training
Ceci est un exemple typique de ce qu’il se passe au quotidien avec de nombreux propriétaires de chiens.
Il nous faut apprendre à déchiffrer le langage des chiens, afin de comprendre ce que nos compagnons
tentent de nous dire.
C’est le secret d’une vie harmonieuse avec eux.
Le comportement du chien utilisant des signes d’apaisement
•
Le bâillement :
Il arrive à votre chien de bâiller lorsque quelqu’un se penche sur lui, quand vous exprimez votre colère,
quand il y a des crises et des disputes familiales, quand le chien se trouve dans le cabinet du vétérinaire, ou
qu’on se dirige vers lui d’une manière très directe, quand il est tout excité de joie et d’impatience – par
exemple devant la porte lorsque vous êtes sur le point de l’emmener en promenade.
Il peut également bâiller lorsque vous lui demandez d’exécuter quelque chose qu’il n’a pas envie de faire,
lors de séances d’éducation trop longues pour lui et qu’il se lasse, lorsque vous lui dites NON s’il veut faire
quelque chose que vous désapprouvez et bien d’autres situations similaires.
Tous les signes que vous émettez et qu’il ressent comme menaçants pour lui (marcher directement vers lui,
se pencher brusquement sur lui, le regarder droit dans les yeux, faire des mouvements brusques et ainsi de
suite) sont pour votre chien autant de raisons de vous adresser des signes d’apaisement.
Les chiens utilisent un registre d’environ 30 signaux différents, de sorte que tous ne se servent pas du
bâillement - même s’ils sont nombreux à le faire – d’autres peuvent utiliser un autre signe d’apaisement.
Tous les chiens connaissent ces signaux. Lorsque l’un d’eux bâille et tourne la tête de côté, le congénère à
qui il adresse ce signal peut répondre en se léchant le nez et en tournant le dos, ou bien encore choisir une
autre réponse complètement différente.
Les signes d’apaisement sont internationaux et universels. Tous les chiens utilisent ce même mode de
communication. Si un chien en provenance du Japon rencontrait un chien d’élan vivant dans une vallée
isolée de Norvège, ils n’auraient aucun problème pour communiquer !
•
Le léchage :
Le léchage est également un signe d’apaisement couramment utilisé. En particulier par les chiens noirs, les
chiens ayant beaucoup de poils autour de la face ainsi que tous ceux dont l’expression est difficilement
visible, en comparaison des chiens clairs, aux yeux dégagés et au nez allongé.
Mais n’importe quel individu peut utiliser le léchage comme signe d’apaisement, tous les chiens le
comprennent, même si le geste est furtif.
La petite lèche rapide sur le nez est assez facile à voir, à condition que vous vous trouviez face au chien.
Pour mieux comprendre le processus, il est préférable de commencer par observer votre compagnon dans
un endroit calme, plus propice pour détecter ce léchage. Une fois que vous serez familiarisé avec ce signe,
vous serez en mesure de le déceler en promenade.
Parfois il peut s’agir d’une lèche très rapide, la pointe de la langue est à peine visible à l’extérieur de la
bouche et seulement l’espace d’une seconde. Mais les autres chiens perçoivent très bien ce signe, le
comprennent et y répondent. Il y a toujours une réponse à n’importe quel signal.
•
Tourner le dos / Tourner la tête :
Le chien peut tourner la tête légèrement de côté, la tourner franchement ou se détourner entièrement, de
façon à offrir son dos et sa queue au chien qu’il veut apaiser. Vous pouvez observer fréquemment ces
signes chez les chiens.
Si quelqu’un se place droit devant votre chien, celui-ci adoptera une de ces positions. Lorsque vous semblez
en colère ou menaçant, ou encore agressif, il fera la même chose. Lorsque vous vous penchez sur un chien
pour le caresser, il va tourner sa tête de façon à l’éloigner de vous. De même si les cours d’éducation sont
trop longs ou trop difficiles. Quand le chien est surpris, ou qu’il surprend quelqu’un, il se détourne
rapidement. C’est la même chose lorsqu’un autre chien se fait remarquer ou menace pendant un cours
d’éducation.
Dans la plupart des cas, ce signe d’apaisement va calmer l’autre chien. C’est un formidable moyen de
résoudre les conflits et il est couramment utilisé par tous les chiens, qu’ils soient adultes ou chiots, de rang
inférieur ou supérieur etc. Laissez votre chien s’en servir ! Les chiens sont experts dans l’art de résoudre et
éviter les conflits – ils savent comment les gérer.
S’abaisser sur ses pattes avant dans une posture de salut peut être une invitation au jeu, à condition que le
chien fasse aller ses pattes un peu dans tous les sens, d’une manière saccadée et ludique.
Dans bien des cas, le chien reste debout tandis qu’il incline ses pattes avant et utilise ce signal pour
ramener un autre chien au calme. Ce signe a souvent un double sens et peut-être utilisé de plusieurs
façons. L’invitation à jouer est souvent un signe d’apaisement à lui seul, car le chien détend ainsi
l’atmosphère et détourne efficacement la situation au profit du jeu.
Récemment, dans une école du chiot fréquentée par des chiots d’origines et d’espèces différentes, l’un
d’eux a été effrayé, au début du cours, par la vue de ses congénères. Les autres l’ont alors laissé seul et ont
respecté sa crainte. A la fin du cours, il a osé aborder les autres chiots. Quand il l’a fait, il s’est arquebouté
dès qu’un autre chiot l’a regardé. Il est évident qu’il y avait là, une légère frayeur vis-à-vis des autres, mêlée
à l’envie de prendre part au jeu collectif.
Lorsque deux chiens s’approchent l’un de l’autre trop brusquement, vous verrez que bien souvent, ils vont
s’arquebouter. C’est l’un des signes les plus faciles à observer parce qu’alors ils vont rester arqueboutés
quelques instants, afin qu’on ait pleinement le temps de les remarquer.
•
Renifler le sol :
Renifler le sol est un signe couramment utilisé. Vous le verrez beaucoup dans les groupes de chiots. Vous le
verrez également lorsque vous marchez avec votre chien et que quelqu’un vient vers vous, ou dans les lieux
très fréquentés, dans les endroits bruyants ou lorsque le chien rencontre un objet qu’il ne connaît pas et qu’il
juge intimidant.
Renifler le sol peut s’entendre par baisser rapidement le nez vers le sol et relever la tête, mais va jusqu’à
coller le nez au sol et renifler avec persistance pendant plusieurs minutes.
Si quelqu’un s’approche de vous sur le trottoir, jetez un coup d’oeil à votre chien. A-t-il piqué du nez vers le
sol, même furtivement ? S’est-il tourné de côté par rapport à l’intrus tout en reniflant le bord de la route ?
Bien entendu, le chien utilise beaucoup son flair afin de s’informer et de se faire plaisir. Les chiens sont
programmés pour utiliser leur nez et c’est leur activité favorite. Toutefois, cela peut être un moyen d’apaiser
l’autre – cela dépend de la situation. Aussi, soyez attentif aux situations dans lesquelles votre chien renifle !
•
Marcher lentement :
La précipitation sera perçue comme une menace par la plupart des chiens et face à cela, ils pourraient être
tentés d’arrêter celui qui court. C’est en partie un comportement de chasse, déclenché par la vue d’un
homme ou d’un chien qui court. Si la personne qui court arrive directement sur le chien, il interprète cela
comme une menace et il se met dans une posture de défense.
Un chien qui ne se sent pas en sécurité se déplacera lentement. Lorsqu’un chien vient vers vous, et que
vous souhaitez le mettre en confiance, il vous faudra alors ralentir votre allure. Quand je vois un chien
m’adresser un signe d’apaisement, je réagis immédiatement en marchant plus lentement.
Est-ce que votre chien vient à vous très lentement lorsque vous l’appelez ? Si tel est le cas, vérifiez le ton de
votre voix – avez-vous un ton cassant ou en colère ? Cela peut suffire pour qu’il veuille vous calmer en
marchant lentement. Ne vous êtes-vous jamais fâché quand il revenait à vos pieds ? C’est peut-être la
raison pour laquelle il manque de confiance en vous.
Une autre raison pour vous donner des signes d’apaisement serait la mise en laisse systématique dès que
votre chien est revenu vers vous, après l’avoir rappelé. Jetez un coup d’oeil à votre chien la prochaine fois
que vous le rappelez. Vous transmet-il des signes d’apaisement en revenant vers vous ? S’il avance
lentement, il faut changer quelque chose dans votre façon d’agir.
•
Le gel (chien figé) :
Nous appelons gel, le fait pour un chien de se figer, d’être complètement immobile en position debout,
assise ou couchée et de rester dans cette position.
Ce comportement a quelque chose à voir avec le comportement de chasse – lorsque la proie s’enfuit, le
chien attaque. Une fois que la proie s’arrête, le chien stoppe aussi. Nous voyons souvent cette attitude
quand des chiens pourchassent des chats.
Toutefois, ce comportement est utilisé dans différentes situations. Lorsque vous vous fâchez et semblez
menaçant, le chien aura souvent le réflexe de se figer, afin de vous faire revenir à une meilleure humeur. A
d’autres moments, le chien marchera lentement, se figera et se remettra à marcher lentement.
Nombre de propriétaires pensent dans ce cas qu’ils ont un chien très obéissant, qui se tient debout, assis ou
couché, dans une parfaite immobilité. En réalité, ils utilisent peut-être des signes d’apaisement. Très
souvent, un chien s’arrête et reste calme lorsque quelqu’un se rapproche de lui. Dans une situation
analogue, si votre chien tente de s’arrêter ou de marcher lentement, laissez-le faire. D‘ailleurs, si votre chien
se trouvait dans une situation difficile avec un humain ou un autre chien, sans pouvoir s’échapper, se figer
pourrait être un moyen de calmer les autres protagonistes.
•
S’asseoir / Lever une patte :
J’ai rarement vu des chiens lever une patte en signe d’apaisement, sauf dans quelques occasions, où en
effet, cela a clairement été utilisé pour calmer un autre chien.
S’asseoir ou, signe encore plus significatif, s’asseoir en tournant le dos à quelqu’un – par exemple son
maître – est un signe d’apaisement important. On peut l’observer lorsqu’un chien veut calmer un congénère
qui s’approche trop vite. Certains chiens vont jusqu’à s’asseoir en tournant le dos à leur maître, quand celuici
leur semble trop strict ou en colère.
•
Approche en arc de cercle :
Souvent utilisé comme signe d’apaisement, cela explique pourquoi des chiens peuvent avoir une réaction
violente s’ils sont obligés de s’avancer directement vers un groupe de chiens… Leur instinct leur dicte qu’ils
ne doivent pas agir ainsi – leur propriétaire manifeste le contraire. Le chien est alors inquiet et sur la
défensive. Et nous avons un chien qui aboie et s’avance brusquement vers les autres chiens,
éventuellement nous avons un chien agressif.
Les chiens à qui on laisse le choix, vont s’approcher en formant une courbe autour de l’autre chien. C’est ce
qu’ils font naturellement quand ils ne sont pas tenus en laisse et qu’ils se rencontrent, libres de mener les
opérations à leur guise. Permettez à votre chien de faire de même quand il est avec vous.
Certains ont besoin de faire de grands arcs de cercle, tandis que d’autres feront juste une approche
légèrement incurvée. Il faut laisser son chien décider de ce qu’il doit faire et de ce qui est sans danger pour
lui, puis dans un deuxième temps et si vous le souhaitez, il pourra apprendre à passer plus près des autres
chiens.
Devant un groupe de chiens, laissez le vôtre décrire un arc de cercle ! Ne le maintenez pas serré au pied si
vous allez droit sur le groupe. Laissez lui la possibilité de passer au large en formant un arc de cercle. Si
vous lâchez la laisse et laissez le chien décider, bien souvent vous verrez qu’il va choisir de s’éloigner plutôt
que risquer de devenir hystérique.
Pour la même raison, ne vous dirigez pas franchement vers un chien, mais décrivez un arc de cercle. Plus le
chien semblera inquiet ou agressif, plus vous devrez accentuer votre courbe.
•
D’autres signes d’apaisement :
A présent, vous connaissez les signes d’apaisement les plus courants. Il en existe environ 30 et beaucoup
restent à décrire. J’en mentionnerai brièvement quelques uns, que vous pourrez observer :
-« Sourire » le chien étire les coins de sa bouche vers l’arrière, ou il montre les dents comme dans un
sourire.
- Se lécher les babines.
- Remuer la queue. Un chien manifeste alors des signes d’anxiété, d’apaisement, mais rien à voir avec la
joie. La queue qui remue n’est pas une expression de bonheur mais plutôt que le chien veut vous calmer.
- Uriner sur soi. Un chien qui se recroqueville et rampe vers son maître tout en se souillant et en agitant la
queue, montre trois signes très clairs d’apaisement – et de frayeur. Il voudra atteindre votre visage pour
vous lécher la commissure des lèvres.
- Adopter une tête ronde et lisse, avec les oreilles collées au crâne, afin de ressembler à un chiot.
- S’allonger ventre contre terre. Ce n’est pas de la soumission – la soumission c’est quand le chien se
couche ventre en l’air. Se coucher ventre à terre est un signe d’apaisement.
- Il y a même beaucoup de signes d’apaisement qui sont combinés les uns aux autres. Ainsi, un chien peut
uriner tout en tournant le dos à quelque chose. C’est un signe évident, par exemple pour calmer les jeunes
chiens pénibles.
Certains chiens, lorsqu’ils sont face à un congénère craintif, réagissent comme des chiots, en sautant autour
de lui, en s’agitant de façon ridicule, en lançant des bâtons etc. Cela est censé avoir et cela a un effet
calmant.
Une rencontre entre deux chiens inconnus ne débouchera jamais sur des signes de forte soumission ou sur
ce que les gens qualifient de comportement dominant. Une rencontre entre deux chiens ressemblera plutôt à
ceci :
Roy et Prince s’aperçoivent à 150 mètres de distance et se dirigent l’un vers l’autre. Au moment où ils se
voient, ils commencent à s’envoyer des messages. Prince s’arrête et se tient figé, Roy avance lentement
tout en jetant des coups d’oeil à l’autre chien.
Comme Roy se rapproche, Prince commence à se lécher le nez intensément et tourne son flanc vers Roy en
reniflant le sol. Roy est maintenant si près qu’il lui faut être encore plus apaisant ; il commence à décrire un
arc de cercle autour de Prince – assez lentement, en se léchant fortement le nez. Prince s’assied et regarde
au loin en tournant la tête de côté.
A ce moment les deux chiens ont très bien « lu » leurs signes et savent parfaitement s’ils peuvent aller plus
avant et se saluer, ou si les choses sont tellement tendues qu’il est préférable de s’éloigner l’un de l’autre.
•
Ne forcez jamais les chiens à se côtoyer :
Lors des rencontres, autorisez vos chiens à utiliser leur langage pour les sécuriser. Parfois, ils se rejoignent
et vont ensemble, d’autres fois ils estiment préférable de garder une distance respectueuse – après tout, ils
savent lire les signaux de leurs congénères, ils le font même à plusieurs centaines de mètres de distance- il
n’y a nul besoin de se trouver face à face.
Au Canada, un éducateur canin ayant assisté à ma conférence, a trouvé un nouveau nom pour ces signes
d’apaisement : « le langage de la paix ». C’est exactement cela. C’est une langue qui permet aux chiens
d’éviter les conflits et de les résoudre à leur manière conflits, de vivre ensemble pacifiquement. Et les chiens
sont experts dans ce domaine.
Prenez le temps de les étudier et vous constaterez par vous-même. Vous instaurerez très probablement une
meilleure relation avec votre chien et les autres chiens, une fois que vous réaliserez ce que votre chien veut
vous dire.
Vous comprendrez qu’avant, vous étiez dans l’incapacité de communiquer avec votre chien. C’est
incroyablement excitant, autant que l’éducation.
Bienvenue dans le monde du chien et son langage !
LE CHIOT ET LE JEUNE CHIEN – BIEN GRANDIR__________________________________________
Les chiens qui élèvent des chiots, éduquent leur progéniture en parfaits chiens.
Les loups qui élèvent des louveteaux, les éduquent en parfaits loups, dotés d’un excellent instinct de survie.
Alors pourquoi y a-t-il des problèmes lorsque l’Homme éduquent des chiots à devenir des chiens adultes?
Tout d’abord parce qu’il nous paraît inadmissible de dispenser l’éducation naturelle dont les chiots auraient
bénéficié s’ils avaient été pris en charge par d’autres chiens.
Ensuite, nous espérons toujours qu’ils vont respecter nos règles de vie humaine, alors qu’elles n’ont souvent
aucun sens pour un chien.
Enfin, nous avons du mal à prendre en considération l’âge du chien, les différents stades de son
développement et sa capacité d’apprentissage. Au final, le chien ne répond pas à nos exigences, bien trop
élevées pour lui.
Les chiots qui grandissent entourés de leur espèce, vont progressivement apprendre à acquérir la maîtrise
de soi dont ils auront besoin à l’âge adulte. Et ils apprennent si bien ! Comme les adultes, ils vont acquérir
tous les réflexes nécessaires à leur survie.
Il nous appartient d’apprendre à éduquer les chiots de la même façon qu’ils le seraient, s’ils avaient été
élevés par d’autres chiens, depuis leur naissance jusqu’à l’âge adulte.
•
Le droit des chiotsL’erreur la plus grave et la plus répandue chez les propriétaires de chiots, c’est de leur fixer des objectifs et
des exigences tellement élevées que le chiot ne sera pas en mesure de les satisfaire.
Dans un environnement naturel, et là où ils grandissent au sein d’un groupe de chiens, l’apprentissage est
très progressif.
Il y règne un certain « laisser-faire les chiots » jusqu’à ce que le petit atteigne 16 – 20 semaines.
Il arrive aux chiots de jouer de leur « permis de bébé » et de dire « Na-na-na, vous ne pouvez rien faire, j’ai
un droit de bébé ! » Nous voyons souvent la façon dont les chiots tirent parti des ce droit. Ils tyrannisent les
adultes autour d’eux, avec un regard qu’on peut presque qualifier de malicieux. Durant toute cette période,
les chiens adultes prennent soin des chiots et font preuve d’une patience incroyable vis-à-vis d’eux.
A 16 / 20 semaines, le droit des bébés touche à sa fin. Les chiots ont maintenant besoin d’apprendre
progressivement à se contrôler mieux et à se comporter avec plus de déférence. Ils seront encore
pardonnés pour leurs nombreuses bêtises, après tout, ils ne sont pas encore adultes. L’âge adulte viendra
naturellement avec le temps et l’expérience.
Il peut sembler déroutant qu’un chiot passe d’un stade à l’autre en l’espace de quelques jours, mais nous
devons garder à l’esprit que les chiens passent de l’enfance à l’âge adulte en moins de deux ans. En
comparaison, les humains mettent 20 ans à parcourir le même chemin, certains ont d’ailleurs besoin de
beaucoup plus de temps que cela.
•
Le jeune chienUne fois passée la tendre enfance, vers 4 mois à 4,5 mois, l’adolescence commence. Elle comporte
plusieurs stades et dure environ jusqu’à l’âge de deux ans. Il faut parfois plus de temps, parfois moins. Les
jeunes chiens ressemblent aux jeunes humains :
- Ils aiment l’action et la vitesse.
- Ils s’ennuient facilement quand rien ne se passe.
- Ils ne se maîtrisent pas toujours.
- Ils n’arrivent pas à se dominer lorsqu’il se passe quelque chose d’excitant. Comme les enfants à la
vue d’un camion de pompier ou des chiens qui sentent une odeur de lapin.
- Ils n’arrivent pas à se concentrer sur une longue période. A l’instar des enfants qui « oublient » de
rentrer tout droit à la maison après l’école, le chien oublie ce que vous lui avez demandé de faire dix
secondes plus tôt. Il préfère se retrouver en compagnie de chiens du même âge ou ayant des
activités similaires.
- Ils vont privilégier le jeu.
- Ils trouvent ennuyeux le bourrage de crâne et ont besoin d’apprentissages ludiques. Les jeunes
chiens ont besoin d’entraînement, mais par de courtes séances récréatives, afin de rester
concentrés et d’éviter la lassitude. Leur besoin d’activité est satisfait par des entraînements courts et
faciles, un simple parcours d’agility, un entraînement au rappel, une promenade en forêt, la
compagnie d’autres chiens à gambader librement et ainsi de suite.
- Ils ont besoin d’apprendre progressivement à obéir, mais seulement à petites doses. C ‘est pourquoi
il convient d’agir par étapes, comme le chien l’attend, pour augmenter peu à peu la durée des
exercices comme le « Assis – Reste » qu’on exécute d’abord 2 secondes, puis 5, puis 10 secondes
etc.
- Soyez attentif à ce que le chien ne se déconcentre pas – accordez-lui une pause afin qu’il retrouve
toute son attention pour poursuivre l’entraînement.
- Laissez les chiens adolescents rencontrer d’autres chiens – C’est important !
- Evitez les séances d’éducation trop longues, de répéter le même exercice encore et encore, les
sanctions, de sorte que le chien ne se dégoûte pas et ne se lasse pas de l’exercice.
- La socialisation – la formation collective avec d’autres personnes et des animaux est importante.
Apprenez à votre chien, à faire face à toutes sortes de situations, dans tous les types
d’environnement.
- Pratiquez des activités amusantes pour lui, comme des petits tours, le rapport d’objet, la recherche,
le pistage etc.
Nous devons garder à l’esprit que les chiens sont des êtres sociaux qui ont besoin de communiquer, d’être
respectueux et obéissants. Sinon, toute vie sociale deviendra totalement insupportable.
Et ils apprennent petit à petit, tout comme les êtres humains au cours de leur enfance et de l’adolescence.
Qui a déjà vu un enfant de 4 ou 6 ans capable de se maîtriser lui-même? Quand un enfant de 4 ans,
s’énerve, il est vain d’essayer de raisonner avec lui. Il en va de même pour les enfants de six ans. Tenter de
leur enseigner quelque chose lorsqu’ils sont surexcités est désespéré. Il faut vraiment les calmer avant
d’entreprendre quoi que ce soit.
Quand des propriétaires vont en cours d’éducation avec un jeune chien - un « six ans », celui-ci va s’exciter
facilement, en raison du nouveau cadre, des nouveaux chiens, de la situation nouvelle et ainsi de suite. En
même temps, l’école requiert que le chien et le maître suivent un rigoureux programme d’exercices et en
plus, le cours dure trop longtemps pour un jeune chien.
Pas étonnant que les « six ans » soient agités et même hystériques. Beaucoup, beaucoup de propriétaires
abandonnent ces cours parce que leurs chiens s’y montrent impulsifs, énervés et presque hystériques. Ils ne
sont pas « fous » comme les maîtres peuvent le dire, mais ils subissent un stress maximum alors que leur
niveau de maîtrise de soi est au minimum. Naturellement ! Car ils n’ont pas appris à gérer ce type de
situation. C’est voué à l’échec.
Dans ce cas, le recours à la violence ou la force pour obtenir l’attention du chien est sans efficacité. Au
contraire, cela a toutes les chances d’aggraver les choses. Nous ne devons pas demander l’impossible à
notre chien. Si le chien n’est pas en mesure de faire face à la situation, alors c’est tout simplement qu’il
n’est pas capable d’y faire face. Nous pouvons éviter la surexcitation à notre chien en apprenant à l’observer
et à déceler son état émotionnel, voir que sa température corporelle est en hausse, afin d’arrêter les activités
avant que le chien n’atteigne un niveau de stress où il devient incapable de communiquer et d’apprendre.
•
L’intervention rapideIntervention rapide est le mot-clé. L’intervention peut être :
- arrêter l’entraînement
- agir de façon moins menaçante
- laisser le chien changer de position, par exemple se mettre couché ou debout lors des périodes inactives
durant la séance.
- relâcher la laisse; elle doit être très lâche sinon le chien va sentir la tension de la laisse.
N’oubliez pas qu’une laisse tendue est la façon la plus sûre d’élever le niveau d’agression.
- ne pas lutter contre le chien. Restez calme et contrôlez-vous. Comment le chien pourrait-il se contrôler si
vous ne lui donnez pas l’exemple?
•
Quand le chien « claque la porte »Le jeune chien est dans une phase de transition et il doit tester et explorer beaucoup de choses. Laissez le
faire. Permettez lui d’apprendre le goût de la vie et de vérifier les choses par lui-même. Il est totalement
inoffensif. Nous avons besoin de limites, mais assurez-vous qu’elles soient définies de manière à ce que le
chien ne soit pas prisonnier et conserve une liberté d’action ainsi qu’une certaine autonomie.
S’il devient difficile, soi-disant têtu ou irrité, ce n’est pas parce qu’il a prévu de prendre le dessus ou de
dominer, mais plutôt parce qu’il veut explorer et découvrir comment les choses fonctionnent. Un jeune chien
n’est jamais un leader, il n’y pense même pas.
Mais il a besoin de vérifier comment fonctionnent les choses, il s’en souviendra plus tard.
Ne pas réagir ! Tourner le dos au chien et l’ignorer lui suffit et en dit plus long que mille mots.
Tourner le dos et ignorer l’adolescent, c’est exactement le comportement qu’aurait un chien adulte.
Sous aucun prétexte vous ne devez avoir recours à des sanctions physiques avec votre chien, comme le
secouer par la peau du cou, l’attraper par les joues en le fixant du regard, ou toute autre punition cruelle ou
effrayante pour lui. Notez bien comment les chiens adultes agissent en confiance et faites de même. Les
adultes laissent le chien adolescent comprendre leur sentiment, sans manifestation apparente de brutalité,
ils leur tournent le dos et s’en vont. Ils peuvent « crier », mais sans plus.
Votre chien grogne ? Merveilleux ! Cela signifie qu’il reste passif mais n’a pas peur et qu’il conserve certains
signes naturels de communication.
Qu’il grogne n’est pas dangereux, c’est simplement un moyen pour lui de transmettre aux autres son
malaise.
. Quand il grogne :
1. Avez-vous fait quelque chose de provocant pour votre chien ? Dans ce cas, arrêtez de le provoquer.
Les provocations peuvent être, pour n’en citer que quelques unes, les saccades sur la laisse, crier et
gronder, attraper le chien par la peau du cou, pousser le chien, le pincer, prendre sa nourriture, le perturber
dans son sommeil ou au repos, lui donner des ordres avec une voix en colère, être trop exigeant, tenir le
chien serré fort, tirer sur sa laisse, se moquer de lui, se pencher au-dessus de lui, marcher droit vers un
chien en laisse.
2. Est-ce que le chien a été effrayé par quelque chose ? Alors évitez une nouvelle frayeur, sinon sa réaction
de défense augmentera de plus en plus.
3. Veut-il tester votre réaction ? Tournez lui le dos ! Il abandonnera immédiatement. Dans une situation
comme celle-ci, l’un de vous au moins doit rester calme. En outre, il est fréquent que les conflits entre chien
et maître résulte d’une tentative de dominer le chien, pas l’inverse.
Lors de situations conflictuelles, l’utilisation du « Assis » est correcte. C’est une position neutre, qui appelle
la coopération plutôt que la soumission. S’asseoir est une position naturelle, plus que tout autre, même pour
un chien agité.
Le jeune chien doit passer par un processus d’apprentissage pour acquérir la maîtrise de soi. Nous pouvons
l’aider en faisant nous-même quelques efforts :
1. Le chien ne sait pas qu’il a plusieurs options. Nous devons lui apprendre qu’il peut choisir entre s’asseoir
tranquillement et sauter, courir et tirer sur la laisse. En fonction de la situation, le niveau d’adrénaline s’élève
dans l’organisme et rend le chien mal à l’aise, car il ne sait pas comment il doit agir. Nous pouvons lui
montrer et l’aider à maîtriser la situation.
2. Déplacez-vous lentement. Usez de calme et de mouvements lents du corps. Parlez calmement et
tranquillement. Votre langage corporel et votre comportement convaincront le chien.
3. N’ayez pas recours simultanément à la contrainte physique et à la maîtrise de soi. L’auto-contrôle est un
acte volontaire alors que la force ne l’est pas. Evitez de pousser, forcer en tirant et poussant le chien.
Gardez la laisse molle. La punition physique ne ferait qu’augmenter le niveau du stress.
4. Gardez votre sang-froid dans toutes les situations. Dans un premier temps, exercez-vous dans des
endroits exempts de distractions, par courtes séances et laisse molle. Ne gardez pas votre chien assis trop
longtemps au début. Les muscles se fatiguent et s’endolorissent à rester assis trop longtemps.
Nous pouvons aider nos chiens par d’autres moyens, tels que les signaux d’apaisement et la récompense
d’un bon comportement, pour n’en mentionner que quelques uns. Vous aurez un jour, un chien adulte
sachant comment se comporter, se maîtrisant et volontaire pour coopérer. Ce jour viendra si vous
augmentez progressivement les exercices, en fonction de ce que votre chien est capable de faire.
Soyez attentif, votre chien a besoin de temps pour grandir, tout comme nous.
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Lien :
http://www.chiens-de-france.com/photo/eleveurs/3/406/presentations/8c409265-1138-efc4-7919-8d949d74a2a9.pdf